Autopsy bill le ca et le surmoi image

Bill, le ça et le surmoi

in Autopsy

Bon, j’accorde sans doute une importance à ce qui n’est en fin de compte qu’un élément de décor, je le sais bien. Il me semble que c’est un symptôme assez classique chez les névrosés.

Hhhh – Laurent Binet

Je n’ai pas honte de déclarer ici que j’ai récemment échoué aux urgences psychiatriques (24h/24, sans rendez-vous, Hôpital Civil, 1 place de l’hôpital, bâtiment Psychiatrie, machine à café sur place, espace vert, possibilité de consulter des revues sur place). C’était un samedi après midi, il faisait un temps superbe et je sortais de chez le coiffeur. Comme quoi, on peut être victime d’une crise de panique carabinée et ne pas sombrer dans cliché de la folle échevelée amie des chats errants.

Donc, voilà. Je n’ai pas honte de déclarer ici que je suis fragile dans ma tête.

M’apprêtant, par exemple, à ouvrir les huitres à Noël…

Je dirais même que je n’ai que du mépris et de la méfiance envers celles et ceux qui prétendent s’en sortir sans encombres, dans le contexte actuel.

Pour autant, j’aimerais assez me sortir de cette merde, si ça ne dérange personne, et vivre en bonne harmonie avec mes pulsions suicidaires et ma phobie des marque-pages, par exemple.

Dans cette optique, je pense avoir d’ores et déjà épuisé toutes les ressources psychiatriques traditionnelles. A savoir :

  • Prise de LSD sur un sucre, dans une hutte à sudation improvisée, sur les bords du lac de Gérardmer.
  • Hypnose ericksonienne, 70 euros la séance
  • Séjour d’une semaine à Center Parcs – Les Trois Forêts, Hattigny, Moselle
  • Abonnement d’un an à France Loisirs
  • Dégradation de mobilier urbain
  • Inscription de trois mois à Block’Out, salle d’escalade de bloc.
  • Inscription à une formation Pole Emploi : « Booster son CV et gagner en visibilité »
  • Création de 6 profils Tinder, jamais utilisés
  • Massage du visage Ayurvédique
  • Thermes de Caracalla, Baden-Baden, en solitaire, un mardi, prétextant le décès accidentel d’une amie d’enfance
  • Sevrage tabagique/isolement/syncope
  • Téléchargement des playlists pour faire l’amour en état dépressif sévère
  • Nager avec 3 dauphins sous anxiolytiques légers (Atarax 25mg)

Je pense avoir tout essayé, en somme.

Et je continue à me considérer comme une paillasson émotionnel. Je continue à me sentir, en fait, exactement comme la meuf de cette chanson :

 

Alors l’autre jour, ce que j’ai fait, comme j’étais un peu à court de Xanax, j’ai décroché du mur le portrait de Bill Murray. Puis je l’ai installé sur le fauteuil le plus crédible de mon salon et j’ai décidé que j’allais m’en remettre à lui.

Bill murray décroché

Fig. 1 : Bill Murray en position neutre / purement ornementale

Fig. 2 : Bill Murray, Doctorat en Psychologie Cognitive, option « thérapie par la chant ». En position d’écoute.

Fig. 3 : Gros plan sur un homme d’exception.

Je sais, c’est révoltant…

J’applique les principes freudiens de libre-association, étendue sur mon sofa, m’adressant à une reproduction d’un portrait de Bill Murray en tenue d’officier militaire. Voilà ce que je fais.

Les séances durent environ 40 minutes et je règle ma consultation en lâchant toute la petite monnaie que j’ai sur moi dans un pot de confiture Bonne Maman (le pouvoir du symbole), sur lequel j’ai collé une étiquette portant la mention « Patrimoine névrotique ». J’espère un jour avoir accumulé suffisamment d’argent pour m’offrir une retraite spirituelle avec Spa de luxe et médiation en Toscane, 5 jours/4 nuits, à partir de 2,400 euros.

Mais comme nous n’en sommes pas encore là, je suis heureuse, pour l’heure, de livrer ici même en pâture la retranscription de ma première séance avec Bill.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Laisser un commentaire

Your email address will not be published.

*