Les meilleurs spots strasbourgeois où perdre son enfant (sans se ruiner)

in DiY éducation

 

Vous lisez à vos enfants l’histoire du Petit Poucet et vous semblez un peu distraite… Vous vous représentez l’abandon définitif de Basile ou Mona. Vous fantasmez sur la hausse spectaculaire de votre pouvoir d’achat, entre autres. Certes, vous êtes attachée (pieds et mains liés pour ainsi dire) à votre progéniture, vous l’embrassez même sur le front une fois l’histoire terminée, et vous êtes sincère, mais c’est insensé, finalement, le coût d’entretien mensuel de cet être sans défense (ni GPS intégré). Inutile de vous sentir coupable. Vous expérimentez tout simplement le syndrome des petits cailloux. Bref, vous vous êtes souvent demandée, comme nous toutes :

Si j’habitais une cabane dans les bois, serais-je encore une mère épatante et jusqu’au-boutiste?

 

Vous n’êtes pas seules. Tombons les masques un instant. Chaque maman a un jour été tentée de laisser glisser la main de son enfant lorsqu’elle se promenait au milieu d’une foule compacte et que son fils, sa fille, cet éternel passager clandestin quoi qu’il en soit, chouinait depuis ¾ heures, se roulant ponctuellement sur les pavés d’une ville touristique pour une gaufre à 2euros50 (sans garniture).

Mais on n’égare pas un enfant en ville comme on le ferait en pleine campagne, où les arbres, si proches, laissent à peine filtrer la lumière hivernale, où les loups rodent et où les exigences morales sont plus rudimentaires. Nos enfants citadins, ces monstres, sont susceptibles de prendre le tram A de leur propre initiative et rentrer à la maison sans encombre s’ils sentent que maman a franchi un cap psychologique important et les a volontairement laissés s’éloigner seuls vers le grand sapin de Noël de la place Kléber. Méfiance, donc. Vos gosses peuvent se montrer moins idiots qu’ils ne s’efforcent de le paraître la plupart du temps.

J’ai donc beaucoup repensé à nos sorties du dimanche et j’ai compilé pour vous les endroits les plus propices à l’abandon dans cette belle ville de Strasbourg !

1. Le Vaisseau

Institution strasbourgeoise sur le secteur de l’apprentissage ludique, le Vaisseau possède une architecture complexe que les plus petits auront sans doute du mal à apprivoiser.

Vous avez passé vous-même une bonne demi-heure à chercher les toilettes, pour vous y envoyer 2 Xanax, pépouze, à l’abri d’une ambiance scientifique qui vous a toujours démoralisée. Premier point positif donc, la configuration du Vaisseau est ainsi faite que vous passerez d’une salle à l’autre sans vraiment vous en rendre compte, bousculant au passage une horde d’enfants en tabliers jaunes, petits êtres interchangeables et impersonnels. Patientant sur un banc inconfortable, observant Basile prendre pleinement conscience de son potentiel expérimental, aux commandes d’une machine complexe censée le familiariser avec le système des écluses, vous vous dites : « Familiarise-toi, petit. Familiarise-toi bien car maman vient de céder une digue elle-aussi ».

Et donc vous récupérez votre veste au vestiaire, laissant Basile aux bons soins de la vulgarisation scientifique et de l’apprentissage par le jeu. Car au Vaisseau, comme chacun sait, il est interdit de ne pas toucher.

Peut-être découvrira-t-il un jour une planète habitable ou un vaccin contre la gueule de bois…

…espérez-vous déjà en libérant une place sur le parking, pour la plus grande joie d’un couple aux yeux cernés.

2. Le parc de l’Orangerie

Encore en retard pour les inscriptions au périscolaire ?

Les enfants sont fascinés par les singes, c’est un fait. Leur proximité comportementale se révèle, il est vrai, tout à fait troublante. Placez un enfant devant une cage abritant une bande de primates obscènes. Vous bénéficiez ainsi d’un bon quart d’heure pour déguerpir sans que Mona ne se soit rendue compte de rien. Agrippant les barreaux de la grande cage située au cœur du Parc de l’Orangerie, en mode livre de la jungle 2.0, la fillette oubliera bientôt vos expérimentations pâtissières sur-cuites et vos remontrances incessantes à propos de ses écharpes oubliées .

Adoptée par les singes, elle apprendra le sens véritable des mots solidarité et escalade libre

Peut-on rêver meilleur environnement pour un enfant dégourdi et sociable ; qu’une tribu d’anthropoïdes joueurs et quotidiennement nourris ? A la sortie du parc, vous vous offrez une glace au parfum inédit, tout en pensant à la carrière de trapéziste de votre petite dernière. Juste une autre journée au parc…

3. Le MAMCS

Le Musée d’Art Moderne et Contemporain de Strasbourg est un bâtiment intimidant, au premier abord, mais au sein duquel un enfant débrouillard et curieux finira toujours par trouver ses marques ou établir un camp de base, quelque part au sein de ces 5000 mètres carrés de collections incontournables.

« Comment va le petit Basile ? » demanderont vos amies inquiètes. « Oh, tu sais… Bien, j’imagine. Un chef d’œuvre parmi les chefs d’œuvres… ». Ah, Basile… Un gosse que vous n’êtes jamais parvenue à comprendre, manifestant un intérêt précoce pour les formes de représentations picturales et Eugène Delacroix en particulier, avec lequel il partage une précocité exceptionnelle.

J’ai toujours vécu ma maternité comme on visite une exposition temporaire, finalement

… songerez-vous en dégustant une salade originale sur la terrasse panoramique de l’Art Café, dans une ambiance classe et moderne, goûtant une cuisine “bistronomique” contemporaine . “Si les oeuvres ont parfois besoin d’être restaurées, il en va de même de ma personne” songerez-vous en vous accordant une crème brulée, arrosée peut-être de deux ou trois cocktails sans prétention, tandis que Basile, votre apprenti-sculpteur de fils, vivra une expérience solitaire et fondatrice devant un buste en bronze. Le mode chill-out, comme on dit, est définitivement activé.

4. Le Jardin des Deux Rives

Nature encore, nature toujours. Nous voulons toutes que nos enfants grandissent dans le meilleur environnement possible. Mais au prix où sont les loyers… Pas toujours facile. Abandonner Mona au Jardin des Deux Rives, c ‘est surtout lui offrir un mode de vie semi-urbain, à l’écart du tumulte du centre-ville, dans une zone en plein boom culturel. Avec ses 150 hectares, le Jardin des Deux Rives, c’est beaucoup d’espace pour s’ébattre joyeusement et la possibilité de grandir dans un habitat alternatif : péniche, roulotte ou encore camion de marchand de glace. L’offre est vaste et alléchante !

Dieu seul sait, au fond, où se dirige ce véhicule…

Jeux pour enfants, aires de détente, grande variété botanique, symbole de rapprochement entre la France et l’Allemagne, rencontres culturelles, le Jardin des Deux Rives est facilement accessible depuis 2017 par la ligne D du tram.

Mais chut… Basile n’a pas d’abonnement Badgeo.

5. La médiathèque André Malraux

On aurait pas assez d’une vie, au fond, pour épuiser les ressources de la plus imposante médiathèque de Strasbourg et ses cinq étages dédiés à la culture sous toutes ses formes ! Alors autant commencer tôt, en se perdant entre les rayonnages de la section Monde et Société (3ème étage, peu éclairé), disons un samedi après-midi de grande affluence.

Le personnel est charmant, disponible et fatalement cultivé, constituant ainsi une famille d’accueil cosmopolite et aimante

Pour Basile, qui aurait bien besoin d’ouvrir son esprit au multiculturalisme et à l’art du rangement, c’est génial en fait !

Avant de partir sans lui, étourdie que vous êtes, n’oubliez pas malgré tout de souscrire un abonnement multimédia d’un an (assez bon marché) à votre petit rat de bibliothèque, ce qui lui permettra d’accéder en illimité aux postes informatiques équipés d’Internet (Basile pourra ainsi publier lui même ses avis de recherche) (pratique) mais aussi aux nombreuses télévisions et tablettes numériques en libre service !

Non, c’est cadeau, Basile. Ca fait plaiz à maman, t’inquiète !

 

 

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