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Pour en finir avec Radiohead

in Kill your idols

Lui, nostalgique/mal rasé/rébarbatif : J’ai vu Nirvana à Rennes. En 1994. Énorme. Vraiment énorme. Historique, presque. Salle Omnisports. La première partie, c’était Buzzcocks. Tu le savais ça ? C’était le 14 février 1994. Kurt est mort le 5 avril…

Moi, tellement femme : Oui. Et pourtant, tu as quand même perdu tes cheveux et tu ne sais toujours pas couper tes ongles des pieds. Ce concert ne t’aura pas beaucoup profité, finalement…

Je suis d’une drôle d’humeur en ce moment.

J’ai une nouvelle devise, aussi.

Kill your Idols !

(j’ai vu ça sur un flyer je sais plus où et ça m’a retourné le cerveau)

J’ai compris que ma démarche d’émancipation passait forcément par l’éradication de toute forme de fanatisme. En effet, plus on fanatise, moins on se respecte. Il suffit pour s’en rendre compte de croiser malencontreusement un supporter du Racing, ligne A, cheminant vers la Meinau.

Ou cette connasse après une faciale de licorne :

Pardon mais…

Notre enthousiasme, c’est le fanatisme d’en face

André Siegfried (inventeur du Cousteron)

Je refuse de me définir plus longtemps par la musique que j’écoute en pliant des slips taille 7 ans, les livres sur lesquels je m’endors et les séries HBO qui m’ont vue plongée dans le noir des jours durant, enchaînant comme une camée les madeleines Mont Saint Michel. No more. Il est temps pour moi de tracer une ligne claire entre le simple divertissement et ma personnalité complexe et ravagée. Mon abonnement à OK Podium expire aujourd’hui même. Il ne sera pas dit que mes efforts pour devenir adulte n’auront pas été sacrificiels.

Pardon encore mais…

Le fanatisme est la seule forme de volonté qui puisse être insufflée aux faibles et aux timides

F. Nietzsche (Ubermensch)

Autrement dit, plutôt offrir une fellation à un nécessiteux que mendier un autographe à un connard à paillette.

Avant que nous commencions vraiment à tailler dans le vif, je rappelle une dernière fois que Kill Your Idols constitue avant tout un excellent exercice de déconditionnement mental. Votre capacité à dépasser vos instincts de groupie va être mise à rude épreuve. En cours de route, si la fatigue vous gagne, répétez-vous incessamment les mots de tonton Michel, « Soyez abjects, vous serez vrais » (Rester vivant, p. 26).

Et donc, Thomas Edward Yorke, il te reste environ deux minutes pour t’accrocher à ton chapeau melon ou roucouler un refrain tragique, avant que je ne m’occupe de ton cas et celui de ta bande organisée.

« All the unborn chicken voices in my head » Paranoid Android

Il faut comprendre avant tout chose que Radiohead a commis le casse culturel du siècle, parvenant en effet à se hisser à un niveau de popularité ahurissant tout en conservant l’étiquette de groupe indépendant (ce qu’ils n’étaient pas) et expérimental (ce qu’ils n’étaient que trop). Quelle meilleure première cible pouvais-je donc trouver pour alimenter cette rubrique ? J’ai été une victime de cette formation musicale de 1996 à ce jour. Radiohead s’est trouvé être le groupe qui s’accordait le mieux à ma neurasthénie adolescente et mon délire schizoïde de jeune adulte. Ils étaient parfaits. De fait, ils étaient trop beaux pour être vrais. Aujourd’hui, je peux associer n’importe quel morceau de Radiohead avec un évènement traumatique précis. Les séquelles que j’en garde sont donc nombreuses. Ecouter un album de Radiohead au casque, en proie à une crise d’angoisse, revient à enfoncer un tournevis (non stérilisé) dans une plaie béante, puis exercer une pression soutenue sur le manche de l’outil, de gauche à droite, enfin peu importe, jusqu’à vomir de douleur et exiger que l’on vous achève à coups de barre à mine. Un traitement que je me suis infligé depuis près de 25 ans, avant de signer avec moi même un pacte de non agression et de bazarder toute la discographie du groupe dans une boite à livres, rue du faubourg de Pierre.

Il me semble, plus globalement, que l’œuvre de Radiohead a largement participé à notre effondrement générationnel, voire à la montée du Front National dans les années 2000, par le biais de leviers indirects qu’il me serait pénible de détailler ici…

Prenant sur moi, voici donc les 10 raison qui font que je considère aujourd’hui Tom Yorke, Phil Selway, Johnny Greenwood, Colin Greenwood et Ed O’Brien comme l’association de malfaiteurs la plus néfaste de ces trente dernières années :

  1. Ce n’est pas juste de la mélancolie qui se dégage des chansons de Radiohead, mais plutôt le sentiment que tu viens de perdre tes enfants dans un accident de bus scolaire et de recevoir un rappel de charge annuel sur ta consommation de gaz.
  2. Les études prouvent que si vous écoutez Creep cinq fois d’affilée, vous ne pouvez plus donner votre sang pendant six mois.
  3. Avant de vouloir sauver le Tibet, Tom Yorke devrait apprendre à ouvrir ses deux yeux simultanément…
  4. Atoms for Peace, c’est Radiohead après un accident de deltaplane. La collaboration avec le bassiste Flea, des Red Hot Chilly Peppers, revient à balancer du Red Bull dans une bière trappiste. Ca n’a aucun sens et c’est immonde.
  5. Les pochettes d’album sont atroces. On dirait à chaque fois que quelqu’un vient de dégueuler six litres de peinture bon marché à travers un pochoir.
  6. Johnny Greenwood joue de la Stratocaster comme s’il essayait en permanence de se débarrasser d’un frelon sous son T-shirt vintage. Ou de refaire ses lacets. On ne sait pas trop. Il est physiquement incapable de produire une série d’accords cohérents alors pour compenser, il élabore des solos qui finissent toujours par évoquer le démarrage d’une tronçonneuse à essence ou la plainte d’un animal blessé par balle.
  7. Lors d’un concert de Radiohead, la simple proximité avec les fans du groupe vous expose à la grippe aviaire et au scorbut. Ces gens sont si lamentables qu’on préférerait passer la nuit dans un camp de réfugiés en Turquie.
  8. Le talent de Radiohead est tellement surestimé qu’en comparaison, le bitcoin est une monnaie fiable.
  9. Si vous faites écouter Amnesiac à un hamster, il s’auto-dévore avant la cinquième piste.
  10. Si vous faites écouter Amnesiac à un véritable amnésique, ce dernier retrouve immédiatement ses identifiants C Discount et achète trois mètres de cordes pour se pendre.

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