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Se crasher moins con, pour changer

in Autopsy

Chaque semaine, je décroche le portrait de Bill Murray.

Puis je le place sur mon fauteuil le plus crédible et je lui demande d’absorber avec sagesse mes débordements mentaux.

C’est ça ou je me mets au baseball…

Retranscription Séance #1 –

Moi : Je vais essayer autre chose, je crois

Bill Murray : A propos de quoi ?

Moi : A propos de tout, globalement

B.M : Est-ce que je peux vous demander d’être un tout petit plus spécifique…

Moi : Rater mieux. Je vais essayer de rater mieux. Voilà. A partir de maintenant.

B.M : Je vois.

Moi : C’est un truc de Beckett : « Essayer. Rater. Essayer encore. Rater encore. Rater mieux ». Génie. Je vais essayer de rater mieux, qu’est-ce que vous dites de ça ?

B.M : Ça paraît raisonnable.

Moi : Merci, Bill.

B.M : …

Moi : …

B.M : Et ça va, sinon ?

Moi : Je veux dire, qu’est-ce qui nous définit le mieux, finalement ? Nos réussites ou nos échecs ?

B.M : Je pressens que vous avez déjà une réponse à cette question.

Moi : Nos échecs, putain, évidemment. Je me demande parfois si je vous paie uniquement pour vous montrer sarcastique ou quoi !

B.M : Nos échecs, oui. Je crois que vous êtes sur une bonne piste, avec ça. Vous avez tout à fait raison.

Moi : Dis-moi ce que tu foires et je te dirai qui tu es.

B.M : Ce que tu foires, et aussi COMMENT tu le foires, n’est-ce pas ?

Moi : Correct, Bill. Tout est là.

B.M : …

Moi : …

B.M : Heum… Et sinon, vous…

Moi : Il y a mille façons d’aller dans le mur, pas vrai ? Je veux simplement rater mieux, à compter d’aujourd’hui. Je veux me planter en beauté. Ce soir, je veux me crasher moins conne.

B.M : Belle formule.

Moi : Merci.

B.M : Non, c’est un concept intéressant, c’est certain.

Moi : Avec Beckett, on sait où on va.

B.M : Parfois, je le trouve difficile à suivre, quand même.

Moi : C’est pas faux.

B.M : …

Moi : …

B.M : Et sinon, alors, ça va ?

Moi : Bill, c’est quoi cette relance en mousse ?! On dirait ma mère. Vous êtes le pire psychiatre du monde.

B.M : Oui. Peut-être. Enfin, ce n’est pas mon métier en même temps… A la base, je suis purement décoratif, n’oublions pas ça. Jusqu’à ce que vous décidiez un jour de me décrocher, pour une raison qui, franchement, me fait penser que vous…

Moi : Bill !

B.M : QUOI ?

Moi : Donnez-moi votre avis. Qu’est-ce que vous pensez de tout ça ?

B.M : De « tout » ça…

Moi : Sincèrement…

B.M : Bien. Alors. « Rater mieux »… C’est bien. C’est un objectif qui me semble raisonnable et je comprends ce que vous essayez de mettre en place. Vraiment.

Moi : Merci.

B.M : Après… Se dire qu’on va tout simplement « réussir », de temps à autres, ça me paraît plutôt intéressant aussi, non ? Dans une certaine mesure ?

Moi : …

B.M : Marla ?

Moi : Ne me foutez pas votre réussite sous le nez, Bill Murray. Ce n’est pas parce que vous êtes encadré chez moi qu’il faut vous croire autorisé à me prendre de haut…

B.M : Écoutez, je n’ai pas cherché à…

Moi : Non, vous, vous allez écouter ! On la connaît votre brillante carrière, c’est bon !! C’est facile pour vous de parler de « réussir ». Bordel. Quand on tourne avec Wes Anderson, putain oui c’est facile. De beaux films, d’accord. Je vous accorde ça. Mais un peu crétins aussi, ok ? Hein ? Ne l’oublions pas. Un peu crétins sur les bords alors calmez-vous !! Certains d’entre-nous ont encore le projet de grandir, figurez-vous. Merde. Parce que quoi ? J’ai rien réussi, moi, c’est ça ?? Parce que la vie, Bill Murray, la foutue réalité de la vie, ce n’est pas juste marcher au ralenti sans sourire sur une musique de hippie pour avoir l’air cool. Ok ? C’est un peu plus complexe que ça, la vie, vous croyez pas ? J’ai des responsabilités. Et aussi pas mal d’envies, si vous voulez vraiment savoir ! Sauf que je marche pas au ralenti, moi, Monsieur Bill Murray, je marche pas sur une musique de hipster à la con, je marche à vitesse normale dans la vraie vie, sans montage, et ma bande son est un brouhaha dégueulasse qui me vrille le crane et j’en chie, ok ? J’en chie terriblement, voilà ! Je marche sur une putain de corde raide et je suis en talons, Bill, ok, parce que j’ai la classe et que je vais quand même pas m’excuser d’envoyer encore du pâté à 34 ans par dessus le marché, c’est comme ça et pas autrement.

B.M : …

Moi : …

Moi : Je suis désolée. Je me suis emportée.

B.M : Vous avez renversé une plante.

Moi : Merde.

B.M : C’est sans importance. Juste un peu de terre sur le tapis.

Moi : MERDE. PUTAIN DE BORDEL DE MERDE.

B.M : Mais quoi encore ?

Moi : C’était ma plante de la confiance en soi. Je l’ai achetée il y a même pas deux mois. Quelle IMMENSE CONNE JE SUIS.

B.M : Vous achetez des plantes au supermarché et vous les appelez « plante de la confiance en soi » ?

Moi : Au Norma. Me faites pas chier.

B.M : On va se revoir.

Moi : Ca parait évident.

B.M : Il le faut.

Moi : Vous prenez la carte vitale ?

B.M : Vous savez bien que non. Je suis un portrait encadré.

Moi : Je dois avoir 3 euros 50 en petite monnaie.

B.M : On donne ce qu’on veut.

Moi : Merci Bill Murray. Je vais vous raccrochez maintenant. Ça m’a fait du bien de vous parler.

B.M : Vendredi prochain, même heure ?

Moi : Parfait. Je vais allez m’acheter une nouvelle… Entre temps, je vais aller acheter une autre heu… Parce que ça peut paraitre con, comme ça, mais le pouvoir des plantes, enfin, bref, vous voyez quoi.

B.M : Refoutez-moi au mur, par pitié.

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